Université Thomas SANKARA : le CEDRES vulgarise ses résultats de recherche au cours d’un atelier
L’Université Thomas SANKARA (UTS) à travers le Centre d’Etudes, de Documentation et de Recherche Economiques et Sociales (CEDRES) a organisé un atelier de vulgarisation des résultats de la recherche menées ce lundi 19 décembre 2022 à Ouagadougou. Ce sont 5 travaux sélectionnés par un comité scientifique parmi les meilleures publications enregistrées au cours des trois dernières années. Cadres de l’administration publique, partenaires, étudiants et enseignants chercheurs se sont mobilisés pour prendre part à l’atelier.
Dans le mot d’ouverture de l’atelier, le Dr Idrissa OUIMINGA, directeur de recherche de l’UTS, a souhaité la bienvenue aux participants au nom du président de l’université. Il est revenu sur l’importance d’un tel atelier qui pour lui « constitue un cadre permettant aux chercheurs du CEDRES de communiquer sur les résultats de leurs recherches à un public plus large (….) et s’inscrit en droite ligne des objectifs de l’Agence Nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche (ANVAR) ». Le Dr OUIMINGA a remercié les communicateurs pour avoir accepté de partager les résultats de leurs recherches dans le cadre de cet atelier tout en invitant les décideurs et acteurs de développement à se les approprier pour des actions éclairées.
Le CEDRES est un centre de recherche dont la renommée va au-delà des frontières nationales. Toutefois, si les chercheurs du CEDRES cherchent et trouvent, les résultats de leurs travaux ne sont pas bien connus des décideurs politico-administratifs et des acteurs du développement à la base. L’objectif de cet atelier est donc de faciliter une meilleure appropriation par ces décideurs, des résultats de recherches menées par les chercheurs du CEDRES.
Pour cette première édition, cinq travaux de recherche ont été sélectionnés par un comité scientifique et portent sur les thèmes suivants :
- Effets de l’insécurité sur l’inflation au Burkina Faso
- Les personnes plus instruites sont-elles plus susceptibles de s’engager dans le terrorisme ?
- Effet de l’urbanisation sur la croissance économique au Burkina Faso.
- Performance économique de la production maraichère au Burkina Faso.
- Faciliter l’accès au crédit agricole pour l’autonomisation des femmes au Burkina Faso.
Sur le premier thème, Dr Abdoulaye SIRY, CU Dori/UTS et Dr Inoussa TRAORE, IBAM/UJKZ ont formulé plusieurs recommandations :
– que les actions de soutien aux PDI ne soient pas seulement de court terme comme les dotations en vivres ou les cash transferts, mais des actions qui s’inscrivent dans la durée. Ces actions peuvent viser le retour des déplacés internes ou leur intégration socioprofessionnelle dans les zones d’accueil.
– Les actions d’amélioration des conditions agro-climatiques comme les techniques d’irrigation sont à soutenir. L’idée est de renforcer les capacités de maîtrise d’eau à travers l’aménagement de certains bassins, la disponibilité de forages à grand débit et le soutien à la production de saison sèche ;
– Toute politique anti-inflationniste devra contrôler aussi bien les facteurs non monétaires que monétaires.
Concernant le second thème traitant du niveau d’instruction en lien avec le terrorisme, Dr Abdoulganiour Almame TINTA, CU Kaya/Joseph KI-ZERBO a formulé les recommandations suivantes :
- améliorer la qualité de l’éducation et établir des filets de sécurité pour les groupes vulnérables.
- réduire les gaps inter régionaux, et particulièrement les différences intrarégionales.
- renforcer les institutions surtout à travers le système de croyance qui constitue une politique efficace pour neutraliser les frustrations sociales et politiques.
- combattre le terrorisme de l’intérieur en démystifiant le pouvoir central de l’Etat, et en renforçant l’ascendance des localités.
En ce qui concerne le sujet sur l’’urbanisme et la croissance économique, Dr Idrissa OUEDRAOGO, Université Thomas SANKARA, a tiré les implications de politiques suivantes :
- l’Etat central et les collectivités territoriales ont un rôle important à jouer afin de façonner l’avenir du développement des villes permettant de créer une croissance économique soutenue nécessaire à la réalisation des ODD ;
- les responsables publics devraient tirer le meilleur parti de l’urbanisation en investissant dans des villes à travers, la planification et la gestion efficace de celles-ci ainsi que la mise en place effective et rapide de l’observatoire urbain national ;
- En plus d’ancrer les villes dans la planification, il est nécessaire de stimuler la capacité d’investissement local ;
- les responsables publics devraient améliorer l’offre d’opportunités, développer les effets d’agglomérations, renforcer les externalités positives et promouvoir le développement des affaires.
Les deux derniers thèmes abordés s’inscrivent dans le domaine agricole. Sur la performance économique de la production maraichère traitée par Dr Safietou SANFO, Université Thomas SANKARA, il ressort les recommandations suivantes :
- réduire les coûts de l’irrigation pour la rendre rentable. Pour ce faire, le gouvernement peut accroître la concurrence par l’introduction de nouvelles entreprises, notamment de petites entreprises locales. Ces entreprises, dont certaines opéreraient dans la distribution et la commercialisation des intrants (notamment les engrais) pourraient influencer les prix. Il est donc nécessaire de réduire les coûts de transaction ;
- créer des marchés sûrs (national, sous régional et international) pour favoriser l’écoulement des produits. Les marchés locaux burkinabè sont plutôt très instables et peu spacieux. Investir dans des marchés plus spacieux aiderait le commerce des légumes ;
- S’engager dans la fabrication locale d’équipements tels que les hélices, les valves, les tuyaux et les modules. Sinon, le gouvernement risque d’importer des équipements (motopompes par exemple) de pays qui les fabriquent à bas prix ;
- promouvoir des mesures qui protègent le secteur du maraîchage pour lui permettre de jouer pleinement leur rôle ;
- aider les producteurs à limiter les catastrophes naturelles (manque d’eau, parasites) en souscrivant à des assurances.
Enfin, Dr Yaya KY, Université Thomas SANKARA, a abordé la thématique intitulée « Faciliter l’accès au crédit agricole pour l’autonomisation des femmes au Burkina Faso ». Il ressort les implications suivantes :
- l’option la plus efficace pour promouvoir l’accès des femmes aux crédits agricoles au Burkina Faso serait de mettre en place un fonds de garantie, assorti d’un « quota genre » de 60% en faveur des femmes et d’un programme d’éducation financière – tel qu’envisagé par les agents du Ministère de l’Agriculture.
- afin de maximiser l’impact du financement sur le bien-être des ménages bénéficiaires, toute intervention visant l’inclusion financière devrait être orientée de manière à favoriser le financement des femmes agricoles ayant déjà fait une demande de crédit qui a été refusée.
L’atelier s’est achevé avec une note de satisfaction car les discussions avec les décideurs directement concernés, ont permis d’apprécier la pertinence de ces recherches et de dégager des perspectives en matière de recherche économique au profit du développement du Burkina Faso.
Service Com/UTS